Le Premier ministre du Vietnam Nguyen Xuan Phuc et sa femme Tran Nguyet Thu arrive au sommet de l'ASEAN à Manille, le 28 avril 2017 |
Manille (AFP) - La campagne antidrogue meurtrière du
président philippin Rodrigo Duterte n'est qu'un aspect des atteintes aux droits
de l'Homme et à la démocratie dans les pays d'Asie du Sud-Est, dont les
dirigeants tiennent vendredi un sommet régional, estiment les défenseurs des
droits de l'Homme.
De nombreux pays occidentaux ont condamné la politique de
répression de M. Duterte, qui a fait des milliers de morts depuis son arrivée
au pouvoir en juin 2016. Mais au sommet de l'Association des nations d'Asie du
Sud-Est (Asean), il devrait bénéficier du soutien de la plupart de ses invités.
Ceci s'explique par le fait que la plupart des dirigeants
de l'organisation ont peu de références démocratiques, observe Phil Robertson,
directeur adjoint de Human Rights Watch Asie.
"Les droits de l'Homme sont dans une spirale
descendante dans tous les pays de l'Asean, sauf peut-être la Birmanie, et dans
ce pays c'est seulement parce que le règne militaire a été horrible pendant si
longtemps", dit-il à l'AFP.
"Quel que soit le critère -- liberté d'expression et
de manifestation, tolérance religieuse, non ingérence dans la société civile,
respect des principes démocratiques, traitement des réfugiés et migrants-- la
région s'enfonce plus profondément dans la dictature, la répression et les abus
des droits", ajoute M. Robertson.
Voici quelques éléments sur les dirigeants des pays de
l'Asean.
- Brunei -
Le sultan Hassanal Bolkiah, 70 ans, est l'un des hommes
les plus riches du monde après 49 ans de règne quasi absolu sur ce petit pays
riche en pétrole. Il a provoqué une polémique en 2014 en imposant la charia,
qui prévoit sur le papier lapidations et amputations.
- Cambodge -
Le Premier ministre Hun Sen, 64 ans, ancien soldat Khmer
rouge ayant fait défection, est au pouvoir depuis plus de 30 ans. Il dit avoir
stabilisé le pays, mais selon ses critiques, il a aussi pris le contrôle des
forces de sécurité, de la justice et de l'économie pour faire pièce à toute
contestation, tout en permettant à la corruption et aux abus de s'épanouir.
- Indonésie ?
Joko Widodo, 55 ans, est le premier président élu ne
venant pas de l'élite politique ou militaire. Sa victoire en 2014 avait été
perçue comme un signe de bonne santé des institutions démocratiques de
l'Indonésie, sortie en 1998 de 30 ans de dictature sous Suharto. Mais il a du
mal à réformer son pays.
- Laos -
Thongloun Sisoulith, 71 ans, est devenu Premier ministre
en 2016 après avoir servi le régime communiste en tant que chef de la
diplomatie. Il affirme vouloir lutter contre la corruption mais il est
difficile de savoir ce qui se passe dans ce pays pauvre: les médias
internationaux comme les voix dissidentes sont interdites.
- Malaisie -
Najib Razak, 63 ans, dirige depuis 2009 la coalition
gouvernementale dont le principal parti est au pouvoir depuis près de 60 ans.
Mais les autorités sont accusées de favoriser la majorité malaise et de
réprimer l'opposition.
- Birmanie -
Depuis son arrivée au pouvoir voici un an, la réputation
d?icône des droits de l'Homme d'Aung San Suu Kyi, 71 ans, s'est ternie. Elle
s'est aliénée bon nombre de ses soutiens internationaux par son silence sur la
répression sanglante de l'armée contre les musulmans Rohingya. Nombreux sont
ceux qui ont perdu leurs illusions envers le premier gouvernement civil depuis
des décennies, du fait en particulier de la lenteur des réformes judiciaire et
économique.
- Philippines -
Avec la guerre antidrogue de M. Duterte, les défenseurs de
droits mettent en garde contre un possible crime contre l'humanité. Mais
l'ancien avocat de 72 ans dit qu'il serait "heureux de massacrer" des
millions de toxicomanes pour éradiquer le fléau de la drogue.
- Singapour -
Le Premier ministre Lee Hsien Loong, 65 ans, fils aîné du
père fondateur défunt Lee Kuan Yew, tient les rênes de l'opulent archipel
depuis 2004. Sa formation, le Parti d'action populaire, est reconduit à chaque
élection depuis 1959.
- Thaïlande -
Prayut Chan-O-Cha, ancien chef de l'armée de 63 ans,
dirige le pays depuis un coup d?État en mai 2014 à la tête d'une junte qui a
écrasé toute dissension. Il a promis le retour à la démocratie mais les dates
des élections sont reportées sans cesse.
- Vietnam ?
Le Premier ministre Nguyen
Xuan Phuc, désigné en 2016 par un Parlement qui fait office de chambre
d'enregistrement, est vu comme un technocrate compétent, un apparatchick dans
un régime communiste qui ne tolère guère les dissensions. Les opposants se
retrouvent fréquemment derrière les barreaux.
Karl MALAKUNAS
AFP28 avril 2017
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