Les appels au calme se
multiplient dans la communauté internationale, dimanche 13 août, pour tenter
d’apaiser la situation au Kenya. Alors
que des violences à la suite de l’élection présidentielle ont fait au moins vingt-quatre morts selon la Kenya National
Commission on Human Rights (KNCHR),
un organe de protection des droits de l’homme, le secrétaire général de
l’Organisation des nations unies, Antonio Guterres, a demandé au candidat
défait Raila Odinga qu’il « envoie
un message clair à ses partisans afin qu’ils s’abstiennent de recourir à la violence ».
Le président français, Emmanuel Macron, a « félicité » dimanche
Uhuru Kenyatta pour sa réélection et appelé à l’arrêt des violences. Le chef
d’Etat « se joint à toutes
les voix qui, comme le Président de l’Union africaine, expriment leurs préoccupations face aux
violences et appellent à l’apaisement et au respect des règles du jeu
démocratique, y compris l’exercice de la contestation par les voies
légales », a fait savoir
l’Elysée dans un communiqué.
L’Union
européenne (UE) et Londres ont également appelé à la modération tout en
félicitant Uhuru Kenyatta pour sa réélection face à M. Odinga. « Dans la droite ligne de l’Union
africaine, l’UE attend de l’opposition qu’elle respecte les résultats et use
des voies légales disponibles » pour faire
valoir
ses réclamations, a déclaré dans un communiqué la cheffe de la diplomatie européenne, Federica
Mogherini.
Mais dimanche, au milieu de plusieurs centaines de
partisans dans Kibera, l’un des grands bidonvilles de Nairobi, M. Odinga a
appelé ses soutiens à ne pas aller
travailler
lundi.
« Pour
l’heure, je veux vous dire de ne
pas aller travailler demain (lundi). Nous n’avons pas encore perdu. Nous
n’abandonnerons pas. Attendez que j’annonce la marche à suivre
après-demain. »
Le candidat de l’opposition kényane a annoncé qu’il se
prononcerait mardi sur la marche à suivre pour son camp. « Nous avions prévu qu’ils voleraient [l’élection] et commenceraient à tuer des
innocents. C’est ce qu’ils ont fait », a asséné M. Odinga,
avant de promettre
que le parti actuellement au pouvoir
serait « évincé ».
« Nous ne renoncerons pas »
La colère des partisans de l’opposition a éclaté dès
vendredi soir après l’annonce de la victoire du président sortant M.
Kenyatta avec 54 % des voix, contre 44 % pour M. Odinga. La
coalition d’opposition Nasa affirme que le résultat du scrutin a été la cible
d’une manipulation électronique du système de transmission et de décompte des
voix utilisé par la commission électorale qui est pourtant censé précisément prévenir
les irrégularités.
« Nous
ne nous laisserons pas intimider,
nous ne renoncerons pas, a affirmé samedi Johnson Muthama, un des
hauts responsables de la coalition. Uhuru
Kenyatta ne dispose d’aucun mandat pour être le
président du Kenya. » Mais l’opposition ne souhaite pas saisir
la Cour suprême après l’avoir fait, en vain, en 2013 lors
de la précédente élection présidentielle qui avait vu M. Kenyatta l’emporter.
Après l’annonce de ces résultats, les violences ont éclaté
dans les grands bidonvilles de la capitale : à Kibera, samedi, les
hélicoptères étaient omniprésents dans le ciel et les tirs de gaz lacrymogènes
incessants. Des journalistes ont été agressés par des policiers anti-émeutes, selon
un reporter
du Monde sur place.
Mais dans la nuit de samedi à dimanche, aucun incident
notable n’a été rapporté à Nairobi et à l’ouest du pays, acquis à l’opposition.
A Mathare, autre bidonville de la capitale très affecté par les violences, des
commerçants rouvraient leurs échoppes dimanche matin alors que les policiers et
les manifestants avaient déserté les rues.
Le
Monde.fr avec AFP Le 13.08.2017 à 12h15 •
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