Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 15 août 2017 à Tokyo |
Tokyo (AFP) - Le Japon commémorait mardi sa capitulation
qui, il y a 72 ans, marqua la fin de la sanglante guerre du Pacifique, le
Premier ministre ayant pour sa part fait une offrande au sanctuaire Yasukuni où
sont honorés les morts pour la patrie.
Plus de 6.000 personnes se sont rassemblées dans la vaste
salle du Nippon Budokan, au centre de Tokyo, pour suivre une cérémonie au cours
de laquelle l'empereur Akihito s'est exprimé.
"Je ressens à nouveau une profonde tristesse à la
pensée de tous ceux qui ont perdu la vie et de leur famille. Tout en éprouvant
de profonds remords, je souhaite sincèrement que jamais ne se répètent les
ravages de la guerre", a-t-il dit.
Le souverain, fils de Hirohito qui était à la tête du
Japon à l'époque, avait pour la première fois en 2015, à l'occasion des 70 ans
depuis la fin de la guerre, employé l'expression de "profonds
remords". Il l'a réitérée aussi en 2016.
Quelque 3,10 millions de Japonais, parmi lesquels 800.000
civils, ont péri dans ce conflit dont les pays voisins du Japon tiennent pour
responsable l'armée impériale nippone.
Le Japon a été contraint à la reddition sans condition
après les bombardements atomiques américains de Hiroshima (6 août) et Nagasaki
(9 août), qui ont fait plus de 210.000 morts.
"Les horreurs de la guerre ne doivent pas se
reproduire. Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, notre pays s'est
toujours évertué à travailler pour la paix et la prospérité dans le
monde", a pour sa part déclaré le Premier ministre Shinzo Abe, promettant
de continuer de mettre toutes les forces du Japon au service de la paix dans le
monde.
Malgré ces mots, ses détracteurs lui reprochent de vouloir
réformer la Constitution pacifiste jamais amendée depuis son entrée en vigueur
il y a 70 ans. L'article 9 de cette charte fondamentale, rédigée par les
Américains, proclame le renoncement du pays à la guerre comme moyen de régler
les différends internationaux.
- Visite controversée -
Par ailleurs, l'ex-ministre de la Défense, Tomomi Inada,
connue pour ses positions nationalistes, ainsi que des parlementaires et autres
personnalités, se sont rendus mardi au sanctuaire patriotique Yasukuni de Tokyo
à la mémoire des victimes du conflit.
Comme chaque fois, leur initiative risque de susciter
l'ire de la Chine et de la Corée du Sud.
Lieu de culte shintoïste, le Yasukuni Jinja honore quelque
2,5 millions de morts pour le pays dans les guerres modernes, dont 14 Japonais
condamnés comme criminels de guerre par les Alliés après 1945. Les noms de ces
derniers ont été inscrits sur les registres du sanctuaire en catimini en 1978,
un geste, révélé ultérieurement, considéré comme impardonnable par les pays
voisins.
Agissant en qualité de président du Parti
Libéral-Démocrate (PLD), Shinzo Abe s'est contenté mardi de faire une offrande,
ce qu'il fait à chaque grande occasion désormais. Il n'est retourné au Yasukuni
qu'une fois ces cinq dernières années, en décembre 2013, pour fêter le premier
anniversaire de son retour au pouvoir. Il avait alors irrité non seulement les
dirigeants de Pékin et Séoul, mais aussi le gouvernement américain qui avait
exprimé sa "déception".
L'expansion militaire du Japon entre 1910 et 1945 continue
à empoisonner les relations de l'archipel avec ses voisins asiatiques.
AFP 15 août 2017
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