Aung San Suu
Kyi est sortie de son silence. La chef du gouvernement birman et Prix
Nobel de la paix a dénoncé, mercredi
6 septembre, « un
iceberg de désinformation » à propos des violences commises
contre les musulmans rohingya dans son pays. « Ce genre de fausse information est
seulement la partie émergée d’un énorme iceberg de désinformation », a déclaré Mme Suu Kyi, lors d’un échange téléphonique avec
le président turc Recep Tayyip Erdogan publié par son service de presse.
« Nous
ferons en sorte que tous les habitants de notre pays voient leurs droits
protégés »
Aung San Suu Kyi se référait à la publication de photos à
l’authenticité douteuse publiées fin août par le vice-premier ministre turc
Mehmet Simsek, qui dénonçait un « nettoyage
ethnique ». Il avait retiré les photos, mais l’affaire fait
scandale en Birmanie, où la
majorité bouddhiste, dont fait partie Aung San Suu Kyi, accuse la communauté
internationale, notamment les médias
étrangers, d’avoir un parti pris pro-rohingya.
La dirigeante birmane avait notamment été vivement
critiquée par la jeune Pakistanaise Malal Yousafzai pour son silence depuis
le début des attaques, fin août, contre cette ethnie musulmane vivant dans
l’ouest de la Birmanie et persécutée par le pouvoir.
La jeune Pakistanaise, également Prix Nobel de la paix, avait notamment imploré
son homologue de condamner
les exactions commises par l’armée.
Kyi ne s’oppose pas à l’armée birmane ?
En onze jours, près de 125 000 personnes, pour la
plupart des musulmans rohingya, ont fui les violences en Birmanie pour se réfugier
au Bangladesh voisin, selon les
derniers chiffres de l’ONU. Les combats entre rebelles musulmans et forces
birmanes ont fait depuis le 25 août au moins 400 morts, quasiment tous
musulmans.
« Inquiétudes » d’Erdogan
Aung San Suu Kyi a toutefois cherché à répondre
« aux inquiétudes »
de Recep Tayyip Erdogan, lors de son appel téléphonique avec le président
turc : « Nous savons
bien mieux que d’autres ce que c’est que d’être privés de droits et de
protection démocratique », dans une allusion à ses années de
lutte contre la junte militaire et d’assignation à résidence.
« Nous
ferons en sorte que tous les habitants de notre pays voient leurs droits
protégés », s’est engagée l’ex-égérie des droits humains. La
dirigeante assure que le gouvernement « a déjà entamé la protection de toute la population de Rakhine [nom officiel de
l’Etat de l’Arakan, où vivent la plupart des Rohingya] de la meilleure manière possible ».
Lire aussi : Exode
des Rohingya : les Occidentaux hésitent à critiquer le gouvernement birman
Mardi, des dirigeants de pays à majorité musulmane, dont
le Bangladesh, l’Indonésie, la Turquie et le Pakistan, ont exhorté Mme Suu Kyi à mettre
fin aux violences contre les Rohingya en Birmanie.
LE MONDE |
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