Le président
Xi Jinping estime qu'Emmanuel Macron peut "apaiser la situation et
relancer le dialogue" après l'essai nucléaire nord-coréen. Sa marge de
manoeuvre est ténue.
Après s'être montré particulièrement
actif sur la question libyenne cet été, Emmanuel Macron va-t-il faire de
même le programme
nucléaire de la Corée du Nord? Au cours de l'échange téléphonique entre le
président français et son homologue chinois Xi Jinping, ce
dernier a appelé la France à jouer "un rôle constructif pour apaiser la
situation et relancer le dialogue", a indiqué la télé chinoise CCTV
sur les réseaux sociaux.
"De façon paradoxale, la Chine et la France ont une
approche insistant sur l'importance d'un dialogue diplomatique, décrypte
Juliette Morillot, auteur de La
Corée du Nord en 100 questions, aux éditions Tallandier, avec
Dorian Malovic. Pékin sait que Macron est en faveur du dialogue, alors que les
sanctions n'ont pas marché ces dernières années."
Une seule prise de position de Macron
Quand Washington et Pyongyang donnaient dans la surenchère
début-août, le président français avait en effet rappelé que l'objectif devait
être "d'amener la Corée du Nord à reprendre sans condition la voie du
dialogue", grâce à une action "concertée, ferme et efficace"
de la communauté internationale au travers du Conseil de sécurité de l'ONU. Une
déclaration qui précédait cependant le nouveau tournant qu'a représenté l'essai
nucléaire de dimanche dernier.
Des sanctions contre la Corée du Nord, en revanche, il
n'en a pas été question lors de l'échange téléphonique de ce vendredi, selon la
chaîne publique. Une nouvelle salve punitive est pourtant en préparation, à
l'initiative des États-Unis de Donald Trump, échaudé de longue date par le développement
ostensible des programmes nucléaire et balistique nord-coréens.
Nucléaire à tout prix pour la Corée du Nord
Ce lot prévoit notamment la coupure des importations de
pétrole au régime par la Chine. "Il y a un risque d'effondrement de
l'économie nord-coréenne, qui ne pourra plus fonctionner, puisqu'il n'y aura
plus de moyens de transport, suppose Antoine
Bondaz, spécialiste du pays et chargé de recherche à la Fondation pour la
recherche stratégique. La population va voir son niveau de vie chuter et
souffrir, sans pour autant que le régime ne se dénucléarise."
Telle est l'analyse de Xi
Jinping et Vladimir Poutine, qui ne souhaitent pas l'étranglement économique du
pays. Les
Nord-Coréens "mangeront de l'herbe mais ne renonceront pas au
programme", a déclaré mardi le président russe. Pour les deux pays,
notamment la Chine, la Corée du Nord fait tampon avec les troupes américaines
se trouvant au niveau de la ligne de démarcation qui traverse la péninsule coréenne.
Reste à savoir si la France va concéder à la Chine toute
l'importance que revêt un retour rapide au dialogue diplomatique, quand les
États-Unis n'envisagent que des sanctions. "Cela risque de créer quelque
chose entre Trump et Macron, qui ont plutôt de bonnes relations. Il y a des
coups à prendre pour Macron, mais également des galons, estime Juliette
Morillot. Pour démarrer le dialogue, la France et plus largement l'UE, qui n'a
pas fait grand-chose dans ce dossier jusqu'à présent, peuvent jouer un rôle
primordial."
Le "rôle
constructif" de la France souhaité par Xi Jinping risque de se heurter à
l'intransigeance affichée par Donald Trump. Surtout que "la
France, sur la question, est plus sur la ligne américaine. Elle a toujours été
en pointe dans la lutte pour la dénucléarisation, rappelle Antoine Bondaz,
auteur de La Corée du
Nord, Plongée au coeur d'un Etat totalitaire, au Chêne. Pas sûr
donc, que cette demande de Xi débouche sur quelque chose de concret."
Par Clément Daniez,
publié le
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