Les présidents américain et philippin, Donald Trump et Rodrigo Duterte, ce dimanche 12 novembre 2017 à Manille pour le sommet de l'ASEAN.REUTERS/Jonathan Ernst |
Les
présidents américain et philippin, Donald Trump et Rodrigo Duterte, ce dimanche
12 novembre 2017 à Manille pour le sommet de l'ASEAN.REUTERS/Jonathan Ernst
Donald Trump assiste, ce dimanche 12 novembre 2017 à
Manille, au sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. Et ce,
alors que les Etats-Unis se désengagent progressivement de la scène
internationale et mènent une politique protectionniste, tandis que la Chine
avance ses pions. Le défi est donc de taille pour les 10 pays membres de
l’Asean : comment tenter de faire contrepoids à la puissance chinoise sans
l’aide américaine ? Délicat, d'autant que ces Etats ne forment pas un bloc
uni.
Les 10 Etats membres de l'Asean sont divisés face à une
Chine qui avance méthodiquement ses pions en Asie du Sud-Est. C’est tout
particulièrement le cas dans le dossier de la mer de Chine méridionale, où
Pékin affirme à grande vitesse sa souveraineté face aux revendications de ses
rivaux, parmi lesquels quatre sont membres de l'organisation régionale
(Vietnam, Philippines, Malaisie, Brunei).
Certains ont toutefois assoupli leur opposition face aux
revendications et agissements de Pékin en mer. Alors que le président philippin
Benigno Aquino était parmi les détracteurs les plus virulents de la stratégie
du « fait accompli » menée par la
Chine dans l'archipel des Spratleys, allant jusqu'à faire désavouer cette
politique par un tribunal international, Rodrigo Duterte a pris son
contre-pied.
Le successeur d'Aquino à la présidence des Philippines a
mené campagne en 2016, dans un pays pourtant très proche des Etats-Unis
historiquement, sur l'idée d'un réchauffement des relations avec Pékin, afin
d'obtenir des investissements chinois pour aider son archipel à se développer.
Aussi, Rodrigo Duterte se dit désormais prêt à partager avec les Chinois les
ressources naturelles réelles et supposées de sa propre Zone économique
exclusive (ZEE).
Pékin compte aussi d’indéfectibles alliés au sein de
l’Asean : le Laos ou encore le Cambodge, grand bénéficiaire de la
« diplomatie du chéquier ». Longtemps adepte d’un langage de fermeté,
comme le Vietnam et les Philippines, la Malaisie, devenue un partenaire
commercial majeur de la Chine, profite désormais aussi des financements chinois
pour développer ses propres infrastructures.
En mer
de Chine, le Vietnam se croit dans son droit aussi et ne veut pas céder
D’autres restent méfiants. C’est le cas de Singapour et du
Vietnam, qui occupe encore de multiples positions dans les
Spratleys, comme les Philippines d'ailleurs. Sauf qu'Hanoï, vieil adversaire de
la Chine aux revendications antagonistes au sujet de ces eaux - que les
Vietnamiens appellent la « mer de l'Est » -, se retrouve de plus
en plus isolé au sein de l’Asean dans sa volonté de résister à l'avancée de
Pékin.
Difficile, dans ces conditions, alors que la Chine joue
pleinement la carte des relations bilatérales et des capitaux en abondance, de
définir une véritable stratégie commune et d'agir comme une seule entité.
Rodrigo Duterte exhorte les pays d’Asie du Sud-Est à accélérer l'intégration
économique régionale pour pouvoir garder les travailleurs qualifiés chez soi et
éduquer « ceux qui sont
laissés pour compte ».
C'est dans ce contexte que Donald Trump est attendu. Son
prédécesseur Barack Obama prenait fait et cause pour la lutte contre la
militarisation de la mer de Chine du Sud, animant un axe - désormais
affaibli - allant du Japon au Vietnam en passant par les Philippines, afin
de contrer la position chinoise, et n'hésitant pas à déployer ses navires de
guerre en reconnaissance. Quid
de Donald Trump ?
Samedi, le président
américain, qui ne semble pas si éloigné de la position de la
précédente administration, s'est entretenu avec les autorités vietnamiennes à
Hanoï en sujet de la mer de Chine méridionale. Il se pose plutôt en médiateur. Mais après celles de Bill
Clinton, George W. Bush et Barack Obama, cette quatrième visite d'un président
américain depuis la fin de la guerre en 1975 a validé deux décennies d'un
rapprochement spectaculaire entre ces deux anciens ennemis
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