La Corée
du Nord a affirmé, mercredi 29 novembre, avoir réalisé son objectif, devenir un Etat nucléaire, après
avoir testé avec succès un nouveau missile intercontinental qui met « la
totalité du continent américain » à sa portée.
Ce tir – le premier depuis le
15 septembre – anéantit les espoirs d’une trêve qui aurait pu ouvrir la porte à une solution négociée à la crise suscitée par
le programme nucléaire et balistique du régime nord-coréen,
« Le système d’armes de
type ICBM Hwasong-15 est un missile intercontinental équipé d’une ogive lourde
extra-large capable de frapper la totalité du continent américain », a affirmé l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Le développement de cet armement protègera le pays de « la politique de chantage et de menace
des impérialistes américains », a-t-elle ajouté.
Pyongyang doit encore démontrer qu’il maîtrise la technologie de rentrée des ogives dans
l’atmosphère depuis l’espace. Mais les spécialistes estiment que la Corée du
Nord est sur le point de développer une capacité de frappe intercontinentale opérationnelle
Réunion en urgence du Conseil de sécurité
Le tir a eu lieu à Pyongsong, dans
le sud de la province de Pyongan, aux alentours de 18 h 17 GMT
(19 h 17 à Paris). L’engin a survolé la mer du Japon, précise l’armée sud-coréenne, disant avoir
elle-même procédé à un test de missile en réponse à cette « provocation ».
Mardi soir, le président
américain, Donald Trump, a réagi à ce nouveau tir dans une déclaration forte mais
évasive, à la Corée du Nord, en promettant : « On va s’en occuper. » Quelques heures plus tard, la Maison
Blanche a publié sur Twitter une image de M. Trump en conversation téléphonique
avec le premier ministre japonais Shinzo Abe à propos du tir de missile.
Une réunion en urgence du Conseil de
sécurité des Nations unies (ONU) sur la Corée du Nord, demandée par Washington,
Tokyo et Séoul, se tiendra mercredi vers 21 h 30 GMT, a par ailleurs
annoncé mardi la mission américaine auprès de l’ONU.
Plus haute altitude
Selon des analystes du Pentagone, il
s’agit d’un missile balistique intercontinental, qui a parcouru un millier
de kilomètres avant de retomber en mer. L’engin ne représentait une menace ni pour les
Etats-Unis ni pour leurs alliés.
Toutefois le ministre américain de
la défense, Jim Mattis, a dit que ce tir avait
atteint la plus haute altitude de tous ceux effectués par Pyongyang et qu’il
représentait « une menace partout dans le monde ». Il a ajouté que les militaires
sud-coréens avaient tiré des missiles de précision en mer pour « s’assurer
que la Corée du Nord comprend bien qu’elle peut être prise sous le feu de notre allié ».
D’après la chaîne de télévision
japonaise NHK, qui cite le ministère japonais de la défense, le missile
nord-coréen pourrait s’être abîmé dans la zone économique exclusive de
l’Archipel.
Ce tir a eu lieu huit jours après la décision de
Washington de réinscrire la Corée du Nord sur la liste noire des « Etats
soutenant le terrorisme », un geste qualifié de grave
provocation par Pyongyang.
Donald Trump était au Congrès au
moment du tir, « et il a été informé de la situation en
Corée du Nord tandis que le missile était encore en vol », a
dit Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche. Le Pentagone dit quant à
lui avoir « détecté un probable tir de missile en Corée
du Nord ». « Nous sommes en train d’évaluer la situation
et fournirons plus de détails quand nous en aurons »,
ajoute-t-il.
Options diplomatiques sur la table
Dans la soirée, le secrétaire d’Etat
américain, Rex Tillerson, a déclaré que les « options
diplomatiques » pour résoudre la crise nucléaire avec la Corée du Nord restaient « sur
la table, pour l’instant ». Dans une déclaration lue par
sa porte-parole à Washington, il a appelé la communauté internationale à « prendre
de nouvelles mesures » au-delà des sanctions déjà
adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU, « y compris le droit
d’interdire le trafic maritime transportant des biens vers et de la Corée du
Nord ».
Le premier ministre japonais Shinzo
Abe a qualifié le tir « d’acte violent » qui « ne
peut pas être toléré ». Il a ajouté dans la soirée : « Nous
ne céderons jamais à aucun acte de provocation. Nous renforcerons notre
pression » sur Pyongyang.
En alerte
L’agence de presse japonaise Kyodo
rapportait lundi soir que le gouvernement nippon était en alerte après avoir
capté des signaux radio suggérant qu’un tir de missile pourrait avoir lieu dans
les prochains jours. Séoul avait fait état, mardi, de signes d’activité sur une
base de missiles nord-coréenne.
La Corée du Nord, qui avait procédé
à des tirs deux ou trois fois par mois depuis avril, avait suspendu ses essais
depuis le 15 septembre, après avoir envoyé une roquette qui était passée
au-dessus de l’île de Hokkaido, dans le nord du Japon.
L’absence de test de missile depuis
avait suscité l’espoir que le durcissement des sanctions de l’ONU portait ses fruits.
D’autant que les Etats-Unis ont incité le reste de la communauté internationale
à prendre des mesures unilatérales. Washington a notamment demandé à
la Chine, principal soutien économique de
Pyongyang, de lâcher définitivement son voisin. Donald Trump s’est montré
confiant à cet égard après sa récente visite à Pékin, en dépit du scepticisme
de nombre d’observateurs.
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters |
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