Les
Etats-Unis et la Russie ont affiché vendredi 5 janvier des divisions
profondes lors d’une réunion controversée du Conseil de sécurité consacrée à l’Iran, secoué depuis quelques jours par
des mouvements de protestations.
« En 2018 nous ne
resterons pas silencieux », a ainsi martelé l’ambassadrice
américaine, Nikki Haley, en justifiant sa demande dès mardi d’une réunion
d’urgence de l’exécutif onusien, qui a provoqué des dissensions entre ses
quinze membres. « Si on doit faire des réunions à chaque fois qu’il y a des manifestations
dans un pays… », a soupiré un diplomate.
« Le régime iranien bafoue les
droits de son peuple », a estimé Mme Haley.
Elle a dénoncé les dépenses d’armement iraniennes aux dépens, selon elle,
du bien-être de la population. « Le message de ce
peuple, c’est “cessez de soutenir le terrorisme” », a-t-elle assuré en réclamant
le rétablissement total de l’Internet dans le pays. Un point repris par
les Pays-Bas, nouveau membre non permanent du
Conseil.
« Prétextes
fantaisistes »
« C’est à l’Iran de régler ses propres problèmes », a asséné au contraire l’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia en
évoquant « une situation interne [qui] est en
train de se normaliser » et en accusant Washington
de « gaspiller l’énergie du Conseil ». Le diplomate
a ensuite évoqué des « prétextes fantaisistes » pour
la tenue de cette session, en évoquant une « ingérence dans les
affaires intérieures iraniennes ».
La Russie a été soutenue au Conseil
par notamment la Bolivie, l’Ethiopie ou la Guinée équatoriale. Il ne
faut « pas saper l’autorité du Conseil alors que son unité est
cruciale », a souligné l’ambassadeur
éthiopien, Tekeda Alemu. « La situation iranienne ne menace pas la
stabilité régionale », a abondé l’ambassadeur adjoint chinois,
Wu Haiteo, en déniant tout rôle à l’exécutif onusien dans une situation interne
à un pays.
Il s’agissait de la toute première
réunion du Conseil de sécurité pour 2018 après des vœux d’« unité » formulés
le 1er janvier par le secrétaire général de l’ONU, Antonio
Guterres.
« Vigilance »,
mais pas d’« instrumentalisation »
Du côté européen, les prises de
position ont aussi montré des divisions. Si le Royaume-Uni a jugé tout à fait légitime
une réunion du Conseil de sécurité sur l’Iran, la France s’est montrée beaucoup plus
prudente. Cette semaine, le président Emmanuel Macron avait plaidé la
modération et mis en garde contre un risque de « guerre » si
les discours belliqueux venus des Etats-Unis, d’Israël ou d’Arabie saoudite se
poursuivent.
Vendredi, son ambassadeur à l’ONU,
François Delattre, a souligné qu’il fallait observer de la « vigilance » pour la
liberté d’expression en Iran. Mais il ne faut « pas
d’instrumentalisation » de cette situation « de
l’étranger ». Cette approche mesurée a été partagée par
la Suède et le Pérou, autre nouveau membre non permanent
du Conseil.
Dans une
lettre adressée mercredi aux Nations unies, Téhéran, soutenu par Ankara, avait
dénoncé les « ingérences » de
Washington à son égard. Ces accusations ont été reprises vendredi par son ambassadeur
devant le Conseil de sécurité
Le Monde.fr avec AFP et Reuters |
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