En Turquie, le 16
avril 2017, le président Recep Tayyip Erdogan remportait son référendum qui
doit lui permettre de transformer la Turquie en régime présidentiel et qui lui
donne encore davantage de pouvoirs.
On peut dire que
Erdogan est aux commandes et ce, plus que jamais. D’abord parce qu’il est de
retour à la tête de son parti politique l’AKP, alors que c’était auparavant
interdit par la loi. Mais surtout, la réforme constitutionnelle lui donne une
large série de nouveaux pouvoirs, entre autres celui de pouvoir gouverner par
décret dans plusieurs secteurs législatifs.
La réforme l’autorise aussi à
apposer son veto sur certaines décisions du parlement lorsque les décrets
présidentiels ne sont pas autorisés et aussi de décréter l’état d’urgence. En
clair, c’est un système présidentiel fort, avec très peu de contre-pouvoirs
pas assez de contrepouvoirs disent à la fois, les opposants à Recep
Tayyip Erdogan et aussi bon nombre de constitutionnalistes…
Enfin, c’est une
réforme qui va encore plus loin puisque c’est le président, avec le Parlement,
qui va nommer la plupart des membres du Conseil supérieur de la magistrature,
donc la présidence sera dorénavant directement impliquée non seulement au
niveau législatif, mais aussi judiciaire, dans le choix des juges qui sont
nommés à la tête des tribunaux du pays.
Des « failles » dans la machine
L’opposition est
très affaiblie : le principal parti d’opposition le CHP ne parvient pas
vraiment à inquiéter le pouvoir, l’opposition prokurde est décimée par les
arrestations. L’extrême droite est divisé entre partisans et adversaires de
Recep Tayyip Erdogan. Donc une opposition faible, une machine administrative et
politique sous contrôle quasi absolu de l’AKP le parti du président turc. Le
seul talon d’Achille potentiel du pouvoir turc est peut-être l’économie,
puisqu’on s’attend à une période très difficile pour le pays dans les prochains
mois, la monnaie turque a d’ailleurs déjà perdu beaucoup de valeur face au
dollar et à l’euro.
C’est peut-être ce
qui pourrait inquiéter le palais présidentiel : si la mauvaise situation
économique devait toucher directement le portefeuille des ménages turcs à
quelques mois des prochains scrutins, ce serait dangereux alors que l’AKP
depuis son arrivée au pouvoir doit sa popularité notamment, à l’amélioration du
niveau de vie et du pouvoir d’achat de la population turque.
Une transformation incomplète
C’est à compter du
prochain mandat présidentiel que certaines réformes constitutionnelles vont
officiellement entrer en vigueur. C’est un scrutin vital pour le président
turc, selon la nouvelle loi, il pourrait maintenant se présenter encore deux
fois et donc gouverner jusqu’en 2029. Il aurait 75 ans…
On le voit
aujourd’hui, Recep Tayyip Erdogan est quasiment en campagne, il tient des
rassemblements publics presque tous les jours. Son éventuelle victoire serait
sa véritable consécration, ça serait aussi la confirmation qu’il serait au
pouvoir en 2023, pour le centième anniversaire de la République turque
c’est la date choisie par le pouvoir pour la naissance de la « Nouvelle Turquie »,
une Turquie conservatrice, pieuse, à l’image du président.
En somme, la
présidentielle de l’an prochain est le prochain objectif pour Recep Tayyip
Erdogan, à tel point qu’il pourrait bien vouloir anticiper ce scrutin pour
régler le plus rapidement possible la question de sa réélection.
Par Alexandre Billette
lundi 16 avril 2018
lundi 16 avril 2018
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