La campagne pour le
référendum constitutionnel au Burundi a
été marquée par la violence alors que les forces de sécurité
gouvernementales et des membres du parti au pouvoir ont intimidé, battu et tué
des personnes perçues comme étant des opposants. Le gouvernement a essayé
d’empêcher les informations sur ces abus de parvenir au monde extérieur.
Vendredi dernier, le
gouvernement a accentué ses efforts, en décidant la suspension
de la British Broadcasting Corporation (BBC) et de la Voix de l’Amérique (VOA),
les empêchant ainsi de diffuser des informations dans le pays avant les
derniers jours critiques précédant le vote prévu le 17 mai.
Une victoire au
référendum constitutionnel permettrait au Président Pierre Nkurunziza – au
pouvoir depuis 2005 – de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.
Le Conseil National de
la Communication (CNC), contrôlé par le gouvernement et chargé de superviser
les médias au Burundi, a suspendu la BBC pour une durée de six mois pour raison
de « manquements à la loi régissant la presse et à la
déontologie professionnelle » après qu’elle avait invité un
Burundais dans son programme le 12 mars. Le CNC a prétendu que ses propos
étaient « déplacés, exagérés, non vérifiés, diffamatoires, portant
même atteinte à la réputation du chef de l’Etat. » Le CNC a
suspendu la VOA en invoquant une raison technique, à savoir qu’elle utilisait
une fréquence qui lui avait été refusée.
Le CNC a mis en garde le
diffuseur français Radio France Internationale qui pourrait encourir des
conséquences pour un traitement d’informations que le CNC estimait « tendancieux
et mensonger », et la station de radio burundaise Isanganiro a
été critiquée pour avoir apparemment mal vérifié ses sources.
Quelques semaines plus
tôt, le CNC avait suspendu pour trois mois la rubrique de
commentaires en ligne d’Iwacu, principal journal indépendant du Burundi.
Le Burundi disposait
auparavant de l’un des environnements médiatiques les plus indépendants de la
région. Mais quand Nkurunziza a annoncé son intention de briguer un troisième
mandat contesté en 2015, une répression des manifestations a conduit à une
grave crise politique et des droits humains et au renforcement des restrictions sur
les médias. Des stations locales ont été physiquement détruites et un journaliste a été porté disparu tandis que les Burundais, dont la
majorité vit dans des zones rurales, se sont tournés vers des diffuseurs
internationaux pour obtenir des informations.
Et maintenant, le
gouvernement a décidé de faire taire certaines de ces voix internationales
cruciales.
Le CNC connaît la
puissance des médias. Il reconnaît que lorsque le pays est privé de nouvelles
exactes, les forces de sécurité gouvernementales peuvent agir en toute
impunité. Au fur et à mesure que la campagne se met en branle autour du
référendum, on peut s’attendre à plus de violence, les Burundais étant de plus
en plus dans l’obscurité, dépendant de rumeurs et de bribes d’information.
Mais le gouvernement ne peut pas empêcher les réseaux burundais d’envoyer des
informations aux organisations burundaises et internationales de défense des
droits humains. Même avec la fermeture de toutes les stations de radio du pays,
les crimes seront au bout du compte exposés et leurs responsables finiront par
être traduits en justice.
Lewis Mudge
Chercheur senior, division Afrique
6 mai 2018 3:39AM EDT
6 mai 2018 3:39AM EDT
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