Réactions au
refus de Trump de certifier l'accord sur le nucléaire iranien
Réactions internationales au refus du président américain
Donald Trump de certifier l'accord sur le nucléaire iranien
Washington (AFP) - Donald Trump a menacé vendredi de
mettre fin "à tout moment" à l'accord international qui vise à
empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, provoquant l'inquiétude des
autres pays signataires et ouvrant une période de grande incertitude.
S'il a prononcé un réquisitoire enflammé contre ce texte
emblématique, "le pire" jamais négocié par les Etats-Unis, le
président américain a assuré que son pays ne s'en retirerait pas pour
l'instant.
Mais dans une allocution extrêmement virulente à
l'encontre du régime iranien qualifié de "dictatorial", il a précisé
qu'il ne "certifierait" pas le fait que Téhéran respecte ses
engagements, en dépit des assurances en ce sens de l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA) -- dont le patron Yukiya Amano a aussitôt réaffirmé
que l'Iran faisait l'objet "du régime de vérification nucléaire le plus
solide au monde".
Le discours de Donald Trump a provoqué une forte réaction
de Téhéran. Les Etats-Unis sont "plus seuls que jamais contre le peuple
iranien", a lancé le président iranien Hassan Rohani.
Moscou a immédiatement dénoncé la stratégie de l'occupant
de la Maison Blanche, très isolé sur ce dossier. La chef de la diplomatie
européenne Federica Mogherini a mis en garde contre la tentation de
"démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses".
- Fermeté diplomatique -
Dans un communiqué diplomatique mais ferme, la Première
ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel et le
président français Emmanuel Macron ont souligné qu'ils restaient
"engagés" dans l'accord, aboutissement de "13 années de
diplomatie", appelant à sa "pleine application par toutes les
parties".
Et Emmanuel Macron est allé jusqu'à s'entretenir avec
Hassan Rohani au téléphone, pour lui redire "l'attachement de la
France" à l'accord de 2015 et "envisager" de se rendre
personnellement à Téhéran.
Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson s'est
néanmoins voulu rassurant. "Je m'attends à ce que nos alliés et amis en
Europe et dans la région soutiennent fermement nos efforts pour faire face aux
menaces iraniennes", a-t-il dit.
"Quel est le sens d'un accord qui ne fait que
retarder la capacité nucléaire" de l'Iran "pour une courte période
?", s'est interrogé Donald Trump, soulignant que son administration
souhaitait en particulier supprimer les échéances en vertu desquelles certaines
restrictions au programme nucléaire pourraient être levées progressivement
après 2025.
Il a également annoncé de nouvelles sanctions contre les
Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, accusés d'avoir
"détourné de vastes parts de l'économie" pour "financer la
guerre et le terrorisme à l'étranger".
Et dans la soirée, Donald Trump a assuré dans un tweet que
"les participants à l'accord sont en train de se faire beaucoup d'argent
en commerçant avec l'Iran".
A contre-courant des signataires de l'accord, le Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahu a félicité le milliardaire républicain
pour sa "décision courageuse". L'Arabie saoudite, monarchie sunnite
du Golfe qui redoute la montée en puissance de son grand rival chiite, a salué
la "stratégie ferme" de M. Trump.
Cette "non-certification" place le Congrès
américain en première ligne.
La majorité républicaine ne semblait pas prête à réimposer
des sanctions et donc à endosser la responsabilité de saborder cet accord
soutenu par les autres grandes puissances mondiales.
Une solution, concoctée par deux sénateurs républicains en
coordination étroite avec le gouvernement, consisterait à voter une loi créant
un nouveau seuil pour déclencher des sanctions contre l'Iran à l'avenir. Une
sorte de mise à jour, unilatérale, du "JCPOA" (acronyme anglais de
l'accord).
- Limites permanentes -
Les élus espèrent aussi rendre permanentes les limites
imposées sur le développement nucléaire iranien.
"Nous proposons une voie qui comblera les lacunes de
l'accord nucléaire tout en maintenant l'administration dans l'accord", a
expliqué Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du
Sénat.
Mais rien n'indique que Téhéran acceptera de nouvelles
contraintes sans broncher.
"Tout ce qui va dans le sens de nouvelles
conditions" ajoutées à l'accord sera considéré "comme une violation
unilatérale de l'accord lui-même", a mis en garde vendredi Wendy Sherman,
principale négociatrice américaine du texte sous l'ère Obama.
"Cela met en danger les intérêts de la sécurité
nationale des Etats-Unis et de leurs plus proches alliés", a prévenu l'ancien
chef de la diplomatie américaine John Kerry, négociateur du texte.
Si Téhéran et Washington ont rompu leurs relations
diplomatiques en 1980, au lendemain de la révolution islamique de 1979, la fin
de l'administration de Barack Obama avait marqué le début d'une évolution. Le
président démocrate avait jugé que l'accord donnait "une chance d'aller
dans une nouvelle direction".
Mais depuis son installation à la Maison Blanche en
janvier, Donald Trump a donné un net coup de barre. Il n'a eu de cesse de durcir
encore le ton face à Téhéran.
Et il est déterminé à gommer une distinction faite par son
prédécesseur: négocier sur le nucléaire d'un côté, dénoncer les activités
"déstabilisatrices" de l'autre (en Syrie, au Liban ou encore au
Yémen).
Cette annonce s'ajoute à la longue liste des accords que
les Etats-Unis ont quitté --ou menacé de quitter-- ces derniers mois:
partenariat transpacifique (TPP), accord de Paris sur le climat, accord de
libre-échange nord-américain (Aléna). Et, depuis jeudi, l'organisation
onusienne Unesco.
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